Wildest dream ☼ Chiara

Bonjour love, je m'appelle Chiara Black et j'ai vingt-cinq ans. Je suis né(e) le treize décembre 1991 à Glasglow. Dans la vie je suis décoratrice de luxe et financièrement je suis plutôt riche. Je suis hétérosexuelle et fière de vous annoncer que je suis fiancée. J'ai également nombre de une soeur prénommée Thalia, et un demi-frère et ma vie est comme la musique wildest dream de Taylor Swift. PS : je suis un pré-lien.


01. Parfaitement parfait. Il est une chose que je ne supporte point: l'imperfection. Aucun détail n'est futile et pour une réputation de fer, l'on m'a appris très tôt à bien me comporter. Rester sage. Ne pas dépasser les limites. Suivre la trajectoire que l'on m'a tracé. Se fondre dans le moule, en quelque sorte. Mais si le moule n'est autre qu'une couronne, à quoi bon se débattre pour son individualité? La réussite de ma vie sera celle que la société m'impose. Je ne suis rien d'autre qu'une citoyenne qui suit les lois, les règles. J'aurais un mari parfait, un sourire digne de présentateur, des bambins respectueux et ravissants. Je veux correspondre au schéma, ne pas m'éloigner du cadre et être au premier plan du tableau. L'élégance est un mot maître, mais derrière ce bonheur rayonnant réside toute l'anxiété à chacun de mes pas. Faire claquer le bruit de ses talons entraîne toujours la peur de fracasser sa chaussure de princesse. Je serais l'image stoïque d'un esprit muet, d'une femme séduisante et fidèle, d'une famille unie, et de fiançailles des plus amoureuses. Je serais celle que l'on haïra, ou qui vous servira de modèle. Le temps se fige à mes gestes, et l'oeil le plus curieux ne verra toujours que l'idéal que je me prête à représenter. 02. It is all coming back to me now. Si j'aime donner l'image du personnage muet et héroïque sous tout les angles, dans l'ombre se cachent des rêves, et la nostalgie des jours passés. Dans un sourire, se recroquevillent ses doutes et une histoire qui lui ravive quelques douleurs enfouis sous de charmantes robes. Je suis secrète, en quelque sorte. Les mots courent si vite lorsqu'ils font mal. 03. If you like causing trouble up in hotel rooms. Mais avant de trouver le mari idéal, ce dont je peux me féliciter, il a fallu vivre tant d'histoires, briser tant de coeurs, visiter tant de lits. Dans le secret, certes. Rien d'officiel, que des nuits passées sous les couettes légères estivales, avec lui, moi, nous. Si la chair est un pêché, attirer, séduire sont des talents que j'ai dû me résoudre à taire. Je saurais voler le plus fougueux des baisers. 04. Away from the crown. Si un regret me tiraille, il est d'avoir quitté l'Ecosse. A ses avantages, ce départ a valu le fait d'être tirée du large palais de ma grand-mère, duchesse. Brusque arrivée à Londres, à dix-sept ans qui eut cru que ma vie balancerait si vite. La vie mouvementée de la capitale a su m'accueillir en son sein sous des projecteurs de gloire flatteurs, mais la célébrité ici est bien différente. Mon rang ne me vaut d'être reconnue que par les fins connaisseurs de notre hiérarchie. Il reste un plaisir de déclarer mon nom, et dévoiler une ancêtre qui me semble désormais si lointaine.



Sinon dans la vraie vie je m'appelle Pauline, mais sur le net je suis connu sous le pseudo de Dory, ou encore Sally. Je n'ai pas vraiment de pseudo sur le net. J'ai 16 ans et je vis en France. J'ai connu BAE sur facebook et je pense être présente 6/7. Je trouve BAE supercalifragilisticexpialidocious et pour finir je dirais que je t'aime déjà p'tite soeur  

Mère passait son bras sous celui de Thalia, elle la guidait sous le regard attendri de père jusque dans sa chambre. Je la toisais. Avec une pointe de mépris. Je serrais le poing tandis qu'Alice, ma nourrice au teint hâlé et aux joues toujours incroyablement gonflées, se contentait de nouer mes lacets dans un silence entrecoupé par ses respirations bruyantes. Je retirais mes pieds aussitôt, titillée par son souffle qui s'approchait bien trop près de mon visage. Après un sourire désolé, elle s'effaça dans un couloir tandis que je venais saisir en précipitation la main de père. Du temps pour Thalia, il était rare mais il se révélait être toujours celui qui m'était réservé. Prise par l'infime remord de la priver de ses parents, je m'engouffrais dans la voiture pour une énième cérémonie à laquelle je n'aurais qu'à dire quelques mots charmants pour embraser l'Ecosse. Installée confortablement dans la baquette arrière sur le chemin du retour, nous voyions encore la lumière de la chambre de ma cadette allumée. Il n'en fallut plus pour que d'un pas dans la demeure, nous comprîmes. Grand-mère lui narrait une histoire, encore un conte idiot qui ne la rendrait que plus naïve. J'avais peur. Pour elle. Pour ce qu'elle allait devenir. La risée de la famille? La mystérieuse Black dont les journalistes s'amuseraient à traquer les secrets? La nuit alors qu'elle la bordait, père et mère eux disparaissaient en m'abandonnant avec une dernière bise sur leur front. J'avais leur temps, leur attention, leur respect, mais pas leur amour.

J'aurais dû pleurer. Grand-mère pleurait, Thalia pleurait, et mère s'était enfermée dans sa chambre. Pour pleurer. Je n'ai rien dit, j'aurais pu me taire pour toujours. J'étais montée, j'avais pris ma plus belle robe, et le soir même, j'étais allée à un gala de charité où j'avais proposé de chanter. J'avais à peine seize ans, ma soeur douze. Je n'avais pas pleuré de la journée, de la semaine. Je contenais toute ma terreur en empoignant les pans de ma jupe, et en offrant quelques sourires faussement comblés. Direction l'Italie, pour je ne savais quelle mannequin. Et nous étions seules, les femmes de sa vie à attendre un éventuel retour. Par une lettre, par quelques mots irraisonnablement choisis, nous étions seules. Chacune se morfondait dans sa propre peine, une question d'honneur. Et le premier réflexe me fut d'apprendre l'italien. Réflexe idiot, immature, et puéril pour retrouver celui à qui je devais la vie. Je ne pouvais gaspiller mon temps avec des larmes, des cris, et des complaintes, alors j'avais pris un dictionnaire et j'avais appris du vocabulaire essentiel. Je n'ai jamais revu père.

Une leucémie. Résultat irrévocable. Là, j'ai osé pleurer. Thalia, la petite que je ne connaissais que si peu. Que de nom. Que par des origines communes. Que parce qu'elle était ma soeur dont j'avais préféré tout ignorer. La jeune brune, aux yeux clairs. La belle Thalia, timide et farouche. Celle qui gardait le secret dans sa vie dans notre demeure. Celle que personne ne connaissait. Celle que mère avait si vite fait d'abandonner pour me traîner aux cérémonies. Thalia, celle dont je n'avais retenu que le léger rire innocent lorsque grand-mère lui narrait une énième blague. Je m'étais préservée dans une expression muette, et au dîner, personne n'osait lever le regard sur la jeune adolescente. La peur nous faisait tous tressaillir. Elle était malade. Je serrais fébrilement la cuillère en la plongeant dans mon bol. J'allais la perdre, sans ne l'avoir jamais gagné.

« Ramasse tes affaires.
- Quoi? Mais il est tard.. Qu'est-ce qu'il y a? Calme-toi, bon sang!
- On part. »

Sa voix résonnait en écho dans ma tête. Son visage était proche du mien, ses traits tirés par l'anxiété, sa chevelure nouée en un chignon mou, qui pendait alors sur sa nuque. Ma mère étreignit mon poignet, m'obligeant à me lever hors du matelas. Quelques sacs étaient déposés au centre de ma chambre. Pourquoi partir? Je ne le savais que trop bien. Je revoyais les épaules de Thalia s'affaisser en apprenant la nouvelle. Ses cils, servant de barrière à ses possibles sanglots. Et, j'enfilais mes chaussures en gardant dans ma tête le souvenir idiot de son visage naïf. Nous l'abandonnions. Elle, ses problèmes, ses secrets, sa vie, et sa probable mort. J'avais soufflé. Et dans mon souffle, je lâchais tout ce passé. J'avais dix-sept ans.

Je balançais le sac derrière mes genoux, en me collant à la vitre de la voiture au moteur vrombissant. Rachel se retournait sans cesse pour m'afficher de larges sourires. Déjà, sa grossesse s'apercevait de son ventre légèrement arrondi. Elle affichait son téléphone, brandissant l'écran devant mes yeux éblouis. Henri, son époux, restait concentré sur la route, soupirant des soulagements de la jeune femme. Elle montrait avec enthousiasme les messages d'un ami qu'elle tenait tant à me présenter. J'haussais déjà les épaules, agacée. Pourtant, lorsque nous arrivions, j'étais frappée. Il était là, robuste, droit, nous souriant de tout son charme. Je n'eus pas le temps d'émettre un son qu'il s'empressait d'aider Rachel à sortir puis vint galamment ouvrir ma portière. Ses doigts frôlèrent les miens. Nous avons ri, nous nous sommes racontés des histoires qu'on préférait d'habitude enterrer, nous avons passé la soirée, éclairés par une lune scintillante plus romantique que jamais. Les jours ont passé, nous nous sommes revus. Nous avons succombé aux plaisirs charnels, et dans son lit, nous nous sommes aimés. L'année suivante, dans un riche dîner, il s'agenouillait pour me demander ma main.