Explications et révélations ~Andraël [TERMINE]

Je me réveillais ce matin en ouvrant mes yeux sur mon plafond. Trois minutes avant que le réveil ne sonne. Trois putain de minutes avant que le réveil ne sonne. Soupirant je me retournais pour enfuir mon visage dans les coussins, roupillant encore pendant ces trois minutes. Naturellement quand je dus me lever après la sonnerie ce fut plus compliqué mais après une bonne douche ça passait déjà mieux. J’étais revenu au palais et pour l’instant la situation entre moi et Raphaël était en standby. On ne parlait plus des baiser, reprenant nos vieilles habitudes d’avant. Avec Annabella ça passait aussi. Elle était au courant mais avait décidé de ne rien dire au grand public, ni au public familial ce qui était assez sympa de sa part. Pour l’instant du moins. Et du coup je bossais normalement tous les jours. Je faisais mes rapports, je surveillais, j’étais l’ombre du prince. Et je prenais sur moi. J’en étais arrivé à la conclusion que je devais m’éloigner de lui. Du moins psychologiquement. C’était mieux pour tout le monde que j’essaye de passer à autre chose. On ne pouvait pas. Il était prince, j’étais sin garde du corps. Il aura certainement un mariage arrangé, sans parlé des obligations princières. Moi j’étais garde du corps, j’avais promis de servir la famille royale, pas de coucher avec ses membres. Alors même si j’éprouvais quelque chose pour Raphaël. Même si je prenais sur moi chaque fois qu’il souriait ou riait pour rester stoïque… Je me devais de rester loin de lui. Je lui avais avoué mon affection dans sa chambre d’hôpital, lui m’avait avoué être attiré par moi. Mais on devait en rester là. Alors tous les jours je chassais l’idée plaisante que je pourrais le charmer, qu’on pourrait éventuellement se rapprocher, qu’il ne serait pas contre, et je me focalisais sur mon boulot. Comme aujourd’hui.

Après avoir enfilé mon costume j’allais attendre le prince dans sa chambre pour son retour du petit déjeuné avec sa famille. Je soupirais en passant la porte. Des vêtements éparpillés, des livres mal rangés, des trucs qui trainent. Je voulais bien qu’il soit encore un peu restreint avec son poignet mais bon… Je m’attelais à ranger un peu avant qu’il n’arrive. Un côté un peu maniaque me venant de l’armé certainement mais c’était plus fort que moi. Commençant par les objets je rangeais livre, paquets de mouchoirs, dvd, ordinateur portable. J’avais commencé à plier les vêtements du cadet de la famille quand la porte s’ouvrit sur ce dernier. Arrêtant mon geste je m’inclinais légèrement.

« Bonjour monsieur. Vous avez passé une bonne nuit ? »

Je me redressais et lui servis un sourire polis. Rester professionnel. Même s’il était beau. Le regard encore un peu dans les vapes, une tenue décontractée, la pointes des cheveux encore légèrement humides de sa douches et qui du coup semblaient plus sombre. Je me remis à ma tâche de pliage des vêtements pour chasser l’image de Raphaël sous sa douche. Pliant son pantalon j’allais le mettre avec les autres vêtements pliés dans la malle à linge quand un petit paquet tomba d’une des poches. Je me penchais par reflex pour le ramasser. Une fois redressé j’allais tendre le paquet au prince, pensant qu’il s’agisse de médicament avant de me rendre compte que personne ne transportait de médicaments  dans un petit sachet transparent et qu’aucun des médicaments du prince n’avaient cette vive couleur. Il me fallut un quart de secondes pour comprendre. Relevant le visage ver Raphaël je le dévisageais, ayant rétracté mon bras pour ne plus lui rendre sa drogue. De la drogue. Lui ! J’étais furieux pour tellement de raisons. Le fait de n’avoir rien vu avant. Le fait qu’il ne me l’a pas dit. Le fait qu’il se drogue justement, qu’il ait recours à ce genre de substances… J’avais grandi avec l’idée, renforcé durant mon année de marines et par après durant ma formation, que la drogue était mauvaise, que c’était déshonorable d’en prendre. Et le fait de me dire que Raphaël était quelqu’un de déshonorable pour cette raison me tordait le ventre à un point inimaginable ! Aucun mot ne pouvait sortir de ma bouche à ce moment précis et tout ce que j’arrivais à faire, c’est le regarder effaré et en colère !


@Raphaël de Cambridge

J’étais conscient de sa présence. Sa voix sonna à mes oreilles mais elle n’était pas enjouée. Pas comme avant. C’est alors que l’atmosphère changea. J’avais trouvé de la drogue dans son pantalon. Je ne sais pas exactement pourquoi ça m’affectait tant. Pour pleins de raison : le fait que pour moi ça brisait l’hommage de l’homme honorable, que Raphaël a pu toucher à ce genre de substances ou encore que je ne sois au courant de rien. Alors que je le regardais sans dire un mot il pâli à vue d’œil devant moi. Je haussais un sourcil, une expression fâchée sur le visage.

« Un ami ? Il a un nom cet ami ? »

Le ton froid et légèrement venimeux je me demandais s’il se rendait compte de ce qu’il faisait. Et je me demandais aussi s’il me disait la vérité. Il avait hésités quelques fois dans sa réponse, réponse sassez évasive d’ailleurs, mais ça me mettait la puce à l’oreille. Peut-être qu’il était aussi tout simplement surpris, mais en attendant je voulais une explication claire et nette. Avançant d’un pas je repris avant qu’il n’ait eu le temps de répondre :

« Bon sang Raphaël, c’est limite du trafic de drogue si jamais c’est vraiment les pilules d’un amis ! Que tu sois prince n’enlève rien d’illégal à l’acte en lui-même ! »

J’avais haussé le ton en parlant, assez fâché par cette découverte. Du poison. S’il le gardait pour un ami je me demandais qui pouvait être cet ami : un droguer ? Un dealer ? Et pourquoi trainer avec des gens pareil ? Et qu’est-ce que cet ami foutait au château avec de la drogue ? Bordel ! Me rendant compte que j’avais parlé éventuellement un peu trop fort j’inspirais un grand coup avant de reprendre plus calmement :

« Pardon monsieur, je me suis laissé emporter… »

Avalant ma salive en baissant le regard, je contractais ma joue pour me contrôler, fermant les yeux un instant pour mieux me ressaisir.

« C’est juste que j’aimerais comprendre comment vous êtes entré en possession de LSD et ce que ça fait au palais ! »

Ne avait-il donc pas que cette merde vous pourrissait la vie ? Que ça pouvait vous tuer ? Est-ce qu’il était seulement conscient des conséquences ? Bon sang mais à quoi il jouer à se balader avec de la drogue et à éventuellement en consommer ?!

Un ami d’internet ?! Ok là j’étais sûr il mentait. Et le ton monta vite pour moi. Me rendant compte de ceci je m’excusais en baissant mon regard. Il avait reculé alors que j’avais avancé, se collant à la fenêtre. Je ne voulais pas qu’il ait peur de moi. Ca me faisait mal en quelque sorte. J’étais d’accord pour faire tout mon possible pour que nous ne dérapions plus, mais cela ne devait pas impliquer qu’il ait peur de moi. Le job d’un garde du corps était de protéger son client, pas de le terroriser. Alors je pris sur moi pour me calmer. Je relevais le regard vers lui alors qu’il craqua pour avouer. Effaré je le regardais. J’avais envie de hurler. Il avait consommé et c’était sa drogue à lui. Il n’avait pas idée à quel point il avait raison de dire que rien ne s’était passé. Je le foudroyais du regard alors qu’il avança d’un pas, aussi têtu que d’habitude et avec son affront habituel.

Je le regardais scandalisé alors qu’il banalisait la chose. Non je n’en avais jamais consommé et tous les jeunes n’en consommaient pas. Est-ce qu’il prenait en compte tous les junkies ? Toutes les morts d’overdose ? Toutes les conséquences néfastes ?! J’allais répliquer quand il baissa le regard et enchaina d’une voix monotone. J’inspirais alors qu’il me disait que je ne faisais que l’engueuler et que ce n’était pas une raison de le détester, remettant le baiser sur le tapis. Je me rapprochais de lui, le prenant par les épaules et le secouant doucement, contrôlant quand même mes gestes :

« Tu sais parfaitement que ça n’a rien à voir ! Je ne t’engueule pas tous le temps et je ne te déteste pas… Loin de là et tu le sais ! »

Ca faisait mal. Le fait qu’il pouvait penser que je le détestais, le fait qu’il ait peur de moi, le fait de devoir lui dire que je tenais à lui, sans pouvoir lui dire justement. C’était un horreur. Cette situation me brisait un peu plus tous les jours. Me reculant je le toisais.

« Il y a des raisons pour lesquelles je me met dans un état pareil. L’une d’elle est que je suis inquiet pour vous et que votre protection est ma priorité. Et si ça implique de vous crier dessus, de vous secouer jusqu’à la commotion cérébrale ou encore de vous séquestrer dans votre chambre croyez-moi bien que je ne me gênerais pas. »

J’étais passé du tu au vous consciemment, mais ne m’en excusais pas pour autant. Ce ne serait que mettre en avant une situation et des sentiments qu’on ne pouvait pas se permettre, ni lui, ni moi ! Me détournant je me dirigeais vers la salle de bain et parlait tout en marchant :

« Ces substances sont mauvaises et je ferais tout pour que vous n’y touchiez plus. Plus jamais ! Et pour votre informations les drogues sont différentes de l’alcool ! »

Une fois dans la salle d’eau je jetais les comprimés, prenant soin de les sortir de leur sachet, dans la toilette avant de tirer la chasse et revenir dans la chambre. Je le regardais, ma colère ayant laissé place à de la peine. Je ne pleurais pas, mais ma posture était moins droite qu’avant et mon regard plus triste.

« Nicholas Peterson. Le nom ne vous dit rien et c’est normal. On a commencé l’école de marine ensemble. Comme moi il ne l’a jamais terminée. Moi parce que j’ai été diagnostiqué daltonien et donc inapte. Lui ? Parce que pour faire face à la pression, pour être de bonne humeur, pour vivre l’aventure dont il rêvait il prenait de la drogue. Du LSD comme vous. Pas régulièrement mais de temps en temps. Un jour il a couru sur le pont d’un porte-avions qu’on visitait, croyant avoir vu je ne sais quoi. Tout ce dont je me rappelle est qu’il a d’un coup fait volteface pour courir dans la direction opposée, en rigolant aux éclats, sautant par-dessus bord au bout de sa course. Son corps au lieu d’entrer en collision avec la surface de l’eau s’est retrouvé pris entre les hélices. »

Je relevais mon regard sur lui. Je me tenais toujours près de la porte de la salle de bain, mes mains dans mon dos, dans ma posture de garde du corps. Mon regard laissait paraitre ma tristesse, de la douleur, de la peur et de la détermination.

« Je peux vous assurez que tant que je serais votre garde du corps je ferais en sorte que vous ne touchiez plus jamais à cette merde ! On se la joue déjà assez Roméo et Juliette, inutile de rajouter Titanic au programme ! »

Cela me rendait dingue de savoir qu’il avait touché de la drogue. Et il en parlait avec une telle désinvolture. Non ce n’était pas comme de l’alcool et oui ça aurait pu être pire. Je lui racontais l’histoire de mon collègue. J’omettais le détail que le capitaine nous avait fait laver les hélices par après pour être sûr qu’on ne touchera jamais une de ces conneries. Mais putain il pensait à quoi ? C’était sa santé, sa vie qu’il mettait en jeu. La remarque sur notre ‘situation’ m’échappa plus qu’autre chose. Mais elle était sortie et elle était vraie. Inutile de rajouter un cadavre dans ce drame.

Je ne sais pas exactement ce que Raphaël comprit dans mes mots. Moi qui voulais qu’il comprenne pourquoi ce sachet représentait le mal incarné pour moi, je le vis simplement baisser les yeux et répondre vis-à-vis de notre situation. Je n’en revenais pas qu’il prenne cette histoire de drogues sans broncher. Sans même commenter. Il devait bien se rendre compte que c’était dangereux ? Que je me souciai pour lui ? Autant je savais intercepter des balles, autant je savais mettre KO des agresseurs… Autant je ne savais rien faire contre une pilule d’LSD ou un rail de coke. Rien du tout, et ça me rendrais malade de le voir aller mal sans rien pouvoir faire. J’écoutais à peine ses mots, stupéfait qu’il ne dise rien par rapport à la drogue. Alors qu’il essaya de passer à côté de moi pour aller à la salle de bain je le retins, prenant son poignet dans ma main et me plaçant entre lui et la porte.

« Avez-vous seulement écouté un mot de ce que … »

Ses mots, ou plus tôt leur sens me percutèrent enfin. Je le regardais étonné, me rendant aussi compte qu’il avait les larmes aux yeux. Ma posture se détendit légèrement. Je fondais encore une fois. Je déglutis essayant de me ressaisir mais c’était peine perdue. Le voir avec ce regard, comprendre le sens de ses mots… Malgré moi je répondis, baissant mon regard :

« Crois-moi que ça aurait été tout aussi difficile pour moi si tu avais été hétérosexuel. Différent certes… Mais difficile quand même. »

Je soupirais fermant un instant les yeux avant de lâcher son poignet doucement. Plongeant mon regard dans le sien je répondis dans un murmure :

« Tu n’as pas as t’excuser… Mais je t’en prie… fait juste plus attention à toi. Je fais mon maximum, mais je ne sais pas faire grand-chose contre une overdose… »

J’étais passé au ‘tu’ encore une fois, sans revenir au vous. J’étais las. Las de devoir faire semblant tous les jours, las de cauchemarder de ses lèvres tous les soirs, las de devoir mettre des barrières à chaque fois qu’il les anéantissait. Ce fut à mon tour de me diriger vers la fenêtre en silence, mains dans les poches. Sa chambre donnait sur le jardin, ou devrais-je dire le parc ? Je vis au loin son grand frère et sa future belle-sœur se promener à deux. Un jour Raphaël devra épouser quelqu’un… Il ne sera jamais à moi. Et je m’en rendais compte tous les matins.

Mon regard était perdu dans le vide, mes pensées perdues dans un futur potentiel mariage entre Raphaël et une jeune princesse. Certainement charmante, ou alors hautaine. Mon scénario variait. Je revins à la réalité et me raidit en sentant les bras de Raphaël autour de moi. Je voulu me dégager mais sa voix m’en empêcha. Je ne sais pas ce qu’il voulait dire avec ‘ça’. Son frère avec sa fiancée ? Nous ? Ses bras autour de moi ? Je devrais me dégager. Je devais me dégager. Mais je ne fis rien. Mes bras le long de mon corps, mes poings serrés, je serais la mâchoire. Je sentais la chaleur de la joue à travers mon costume, je sentais son corps contre le mien et ça me rendait dingue… Parce que ça me plaisait beaucoup trop.

Me redressant légèrement je fermais les yeux. Je ne voulais pas le blesser. J’étais las moi-même de reconstruire encore et encore des barrières entre nous. Et lui ne semblait jamais se lasser de les détruire. Déglutissant je pris une de ses mains dans la mienne, desserrant son emprise, faisant attention à ne pas lui faire mal. J’avais noté que j’y avais été un peu trop fort avant du coup je prenais mes précautions. Je faisais aussi attention à ne pas empoigner son poignet blessé. Me tournant finalement doucement face à lui j’étais content que ses fenêtres soient munies de fin rideau blanc. Impossible pour des gens de voir à l’intérieur, mais la possibilité de voir tout ce qu’l y avait à l’extérieur. Je plongeais finalement mon regard dans le sien, ne lâchant pas sa main.

« On ne peut pas Raphaël… Et tu le sais aussi bien que moi… »

Je baissais alors le regard, dégouté par moi-même de devoir encore construire des barrières de devoir encore lui faire mal, de devoir encore voir son regard déçu alors que tout ce que je voulais c’était le voir sourire, l’entendre rire, le sentir heureux.

« Tu avais dit que tu comprendrais… Et pourtant je me retrouve à devoir construire des barrières encore et encore… Pourquoi est-ce que tu t’acharne tant ? Tu pourrais te trouver un duc, un prince, n’importe qui … Tu pourrais faire le trait facilement. Ça pourrait être tellement simple pour toi alors pourquoi est-ce que tu t’acharnes sur moi ?! »

Ma voix était las. Il me faisait vivre des montagnes russes depuis qu’il était sorti de l’hôpital. Tantôt froid et distant, tantôt à essayer de se rapprocher, tantôt à agir normalement. Taquin, triste, rieur, colérique, indifférent, rancunier… Plongeant à nouveau mon regard dans le sien, je lâchais finalement son poignet.

« Je ne sais pas combien de temps je peux encore tenir… »

Dans ma tête je finis la phrase : ‘…avant de démissionner’. En réalité je n’en dit pas un mot. On ne pouvait pas. La situation était impossible pour nous. Et pourtant il continuait, il gardait espoir. Moi tous les jours je me réveillais avec le coup de poing comme quoi je ne pourrais jamais être avec lui. Lui devait se réveiller en se disant : ‘aujourd’hui c’est le grand jour ! Je vais charmer Andrew !’

Mes mots étaient horribles. Pour moi comme pour lui certainement. Et pourtant je devais lui dire. Il fallait. Nous ne pouvions pas être ensemble. Je m’interdis de savourer son corps contre le mien. Je m’interdisais de profiter du moment, de le continuer. Et pourtant… J’en mourais d’envie. Le sentir contre moi, être proche de lui… Mais je m’interdisais. C’était dur, tellement dur. Encore plus quand je vis son regard s’embuer à nouveau et qu’il se détacha de moi. Instinctivement j’avais tendus mes bras pour le ramener, mais ne finit pas mon gestes, laissant mes bras retomber le long de mon corps. Je l’écoutais alors avec peine ais sans l’interrompre.

Intérieurement je hurlais, niais ses propos. J’avais eu peur oui qu’il soit un prince play-boy je l’avouais, mais j’avais compris que ce n’était pas trop le cas. J’avais eu peur avec son passé avec Louka et pourtant il m’avait fait douter. A l’hôpital avec ses mots, et depuis qu’il était sorti, à essayer d’apprendre à me connaître. Il n’essayait pas de me charmer, il essayait de me comprendre, de me connaître. Et ça me flattais, mais je m’y refusais. Je relevais la tête vivement alors qu’il me disait qu’il était allé voir Jade. Ma Jade ? Pour apprendre à me connaître ? Il avait fait des efforts… Sans rien me dire mais il avait cherché. Et moi je l’avais bloqué, encore et encore. Abasourdit je le regardais blessé qu’il pensait ça de moi. Mais je le comprenais. J’avais tout fait pour. Je le laissais partir sans rien dire. J’avais noté ses larmes, j’avais noté son air blessé. Alors qu’il fermait la porte je sursautais, me mordant la joue pour me contrôler.

Je fis les 100 pas un court instant avant de faire balancer le contenu d’une table basse. Un verre, quelques magazines et une boite volèrent par terre avec un cri de rage. Une main sur mes hanches, l’autre devant ma bouche j’essayais de me calmer. Et pourtant ses mots tournèrent en boucle dans ma tête. Je me rendis compte que malgré le fait que je reconstruisais mes barrières jours après jours…. Je ne le repoussais jamais. Je le laissais faire ses tentatives. J’aurais pu aisément y mettre un terme et pourtant … Jamais. Je l’avais laissé faire…Pour mon propre plaisir. Et je n’avais rien fait en retour. J’avais savouré son attention pour moi, savouré ses efforts, sans jamais le lui montrer, sans jamais me l’avouer, sans jamais y mettre un terme. Je m’approchais alors de la porte de la salle de bain. Posant mon avant-bras droit sur le bois de la porte, mon front en dessous et ma main gauche, paume contre bois, je fermais les yeux. Il fallait que je fasse quelque chose, que je prenne une décision une bonne fois pour toute et que j’arrête de nous faire souffrir tous les deux. Je fermais les yeux et me laissais aller, m’autorisant à laisser couler quelques larmes. Je me détachais finalement au bout de quelques secondes de la porte avant de m’installer au bureau présent, prenant une feuille et me mettant à écrire. J’écrivais ce que je ressentais, me laissant aller à mes propres confidences.

Une fois la lettre terminée, je la relis une fois avant de soupirer, la plier et me lever. Je glissais le papier sous la porte de la salle de bain avant de retourner dans ma chambre. Je m’assis sur mon matelas avant de me laisser tomber en arrière sur mon dos. Fermant les yeux je soupirais. L’attente sera longue, mais au moins je serais fixé…

Lettre :

Ma lettre avait été écrite avec une certaine facilité. Et avec un certain bien être. Cela faisait du bien de se lâcher, de dire ce que je pensais et de le laisser prendre une décision une bonne fois pour toute. Et cela me faisait sentir moins horrible de m’excuser auprès de lui. Et du coup je me retrouvais allongé sur mon lit à attendre qu’il décide. Je suppose que si je n’entendais rien de lui il avait décidé de ne pas me pardonner. Si par contre j’entendais quelque chose de lui il y avait une chance.

Du coup j’attendis. Longtemps. Mes yeux clos me renvoyaient le regard torturé de Raphaël. Du coup je fixais mon plafond. Je finis par prendre un bouquin sur ma table de chevet après une demi-heure de fixation. Il prenait son temps et je comprenais. Déjà il fallait qu’il se calme pour ouvrir la lettre. Et ça, ça pouvait prendre du temps. Mais je voulais lui laisser le temps. Je voulais que ce soit une décision prise avec soin et pas sur une impulsion. Je sursautais quand ma porte s’ouvrit d’un coup. Je n’eus pas le temps de réagir que déjà le prince était à genoux su le lit et me flanquait une baffe. Je ne sais pas si j’étais sensé ressentir de la douleur mais pour la forme je passais ma main sur ma joue, plus par étonnement aussi. Je le regardais interdit alors qu’il me sortait que c’était pour mon attitude d’idiot. Je me demandais si c’était un bon signe ou pas, mais n’eus pas le temps de me pencher sur la question que déjà je recevais un deuxième coup, sur l’épaule ce coup-ci.

« hé ! »

Je lui attrapais le poignet doucement ayant plus peur qu’il empire son état qu’autre chose. Après tout il n’était pas le plus fort de nous deux. Je le laisse s’exprimer pour autant. Bon j’avoue que je n’avais pas rangé le bordel que j’avais mis sur le coup de la colère. Merde. Bon je ferais le nécessaire pour ça après. Je tiquais au mot inutile mais n’eut pas le temps de réagir que déjà il posa ses lèvres sur les miennes. Je ne fermais pas les yeux tellement j’étais étonné, son poignet toujours dans ma main. En même temps vu la durée du baiser avant qu’il s’éloigne, je doutais avoir eu le temps de fermer les yeux. Je le regardais interdit alors qu’il se réinstallait. Je lâchais son poignet pour me réinstaller bien à mon tour aussi. Je l’observais et ne savais pas quoi dire mais apparemment il ne dirait rien pour l’instant.

« Heu… Je… Je ne sais pas quoi dire. »

Je le regardais incertain, ne sachant pas quoi faire. Je rigolais doucement, assez nerveux, passant une main dans ma nuque :

« Il faut croire que je dois être plus doué pour écrire que parler... »

Je lui jetais un regard incertain. Ne sachant pas quoi faire. Je devais l’embrasse ? On était un couple ? On n’était pas un couple ? Il allait se passer quoi ? J’étais perdu. Et lui aussi je crois. Du coup je pris doucement sa main dans la mienne, histoire de montrer que j’étais là et que j’étais prêt à essayer.

L’attente avait valu son pesant d’or si on peut dire. Après la petite phase violence de Raphaël il m’avait embrassé. Je comprenais bien que c’était sur le coup de l’émotion, entre autre du à son rougissement. Mais après je compris que c’était à moi de parler. Sauf que je n’avais aucune idée quoi dire ni quoi faire. Mais je pensais être sur la bonne voie quand il croisa ses doigts avec les miens après que j’ai posé cette dernière sur la sienne. Je me tendis légèrement alors qu’il posa sa main sur mon épaule. Je devais faire quoi ? Passer mon bras sur son épaule ? Me reculer ? Ça allait limite un peu trop vite. Enfin pas qu’il se passe grand-chose, mais à force d’avoir dû me retenir j’avais vraiment deux pôles en moi. Et j’avais peur aussi qu’en partie à force de me retenir je ne me lâche trop maintenant que … Que voilà. Je baissais les yeux vers lui alors qu’il rigolait à ma remarque. Haussant un sourcil j’attendais l’explication, qui ne tarda pas. Je redressais sa tête en posant mes doigts sous son menton. Souriant doucement je répondis :

« C’est surtout pour pouvoir vous protéger, toi et ta famille, qu’on ne peut rien laisser paraitre. »

Ma voix était étonnamment calme et sereine alors qu’en moi mes émotions rageaient furieusement. Je le laissais se repositionner alors que sa main caressa la mienne, ce qui attira mon regard. Le geste fit que je me détendis petit à petit. Je l’écoutais alors. Mon estomac se serrait alors qu’il me disait qu’il avait envie qu’on essaye. La première réplique qui me vint à l’esprit était sarcastique : ‘essayer quoi ? Foutre en l’air nos vies ?’. J’avoue qu’après toutes ces semaines à reconstruire des murs entre nous ce genre de réactions était prévisible. Mais bon j’avais pris une décision et lui aussi, alors à moi d’assumer la mienne s’il assumait la sienne et qu’on avance ensemble. Je fus étonné qu’il se confesse un peu plus, spontanément. Je le regardais alors étonné alors qu’il me disait qu’il n’avait jamais éprouvé ce qu’il éprouvait pour moi. Sa déclaration me noua la gorge. Quoi répondre ? Quoi dire ? Je ne savais pas. Encore une fois il allait trop vite. Après toutes ces semaines de bataille c’était dur de lâcher prise d’un coup, quasi impossible. Je déglutis encore une fois alors qu’il me disait qu’il voulait pourvoir aimé comme les gens font. Quand il releva le regard vers moi je ne pus le maintenir longtemps et fini par détourner les yeux. Je gardais nos mains ensembles, mais le reste de mon langage corporel devait envoyer des signaux plus distants.

« Raphaël… j’aimerais. Vraiment ! Mais je ne sais pas comment faire et ce n’est pas aussi simple… Il ne suffit pas de pousser un interrupteur et hop… Je… J’ai besoin de temps pour m’habituer à tout ça… »

Je relevais alors le regard doucement vers lui, hésitant et incertain.

« Je le veux aussi crois-moi… j’ai juste besoin de temps pour m’adapter… Tu as l’air de tout prendre à la légère… Ça ne fait même pas deux heures que je t’ai écrit cette lettre et … j’ai l’impression d’imploser de l’intérieur tellement j’ai des reflex et des pensées contradictoires… Mais je veux essayer. Je te le promets ! »