Calypso ◈ And fan the flames as your blazes burn

On dit souvent que la roue tourne.  Phrase que Calypso a entendu un nombre incalculable de fois. Mais elle, elle s'est toujours demandée si la sienne n'était pas cassée de roue, jusqu'à récemment. Mais avant de parler du présent, il faut parler du passé.

La jeune femme n'a pas eu la vie rose, et ce dès sa naissance. La mère de Calypso est issue d'une famille très croyante et conservatrice.  Autant dire que quand elle a eu un enfant hors mariage à l'âge de 21 ans, ses parents l'ont reniée. Surtout son père. Élevée dans ce milieu catholique, elle n'a bien sûr pas pu se résoudre à avorter. Un scandale était déjà bien suffisant, inutile d'en rajouter une couche.  La mère de Caly a cru pouvoir s'en sortir, avoir son amoureux comme soutien aidant à voir l'avenir d'un œil nouveau, mais très vite ses espérances se sont transformées en désillusions lorsque ce dernier a pris ses jambes à son cou du jour au lendemain, alors qu'il avait assuré être là pour elle. Elle s'est donc retrouvée seule pour élever sa fille. Calypso ne connaît donc pas son père.

Vivant dans un appartement miteux à Londres et enchaînant les petits boulots pour subvenir aux besoins de sa fille, sa mère a fini par avoir de mauvaises fréquentations et par rapidement devenir prostituée. Bien évidemment, à l'époque Calypso ne comprenait pas ces choses là du fait de son jeune âge. Toujours est-il qu'elle se souvient que, quand sa mère recevait un homme, elle lui ordonnait d'aller dans sa chambre et de ne pas en sortir pendant au moins une heure. Il arrivait même des jours, le soir, où elle ne mangeait rien, car les visites étaient fréquentes... Et hors de question de se faire voir de ses clients, car sinon bonjour la correction à laquelle elle avait droit ! De nombreuse fois, la gosse a manqué l'école, sa mère oubliant totalement de l'emmener, bien trop crevée ou défoncée pour se déplacer. C'est dans ces moments là que la petite fille se réfugiait dans la musique, seul échappatoire qu'elle a trouvé.

Calypso a donc grandi dans cet environnement très loin d'être favorable. Rien d'étonnant donc au fait qu'elle développe un esprit rebelle qui se fout pas mal de tout et de tout le monde. Loin d'être idiote, elle continua d'aller à l'école, même si ce n'était pas quelque chose qu'elle appréciait. Alors, pour faire face à cette réalité qu'elle devait affronter chaque jour, la jeune femme se réfugia dans la drogue et ce même en voyant les effets dévastateurs sur sa mère. Drogue qui fut bien vite rejoint par une forme d'anorexie. Les heures de colle et les renvois étaient monnaie courante. elle repiqua aussi une ou deux classes. Mais elle  savait que sans rien, sans un minimum de bagages, elle aurait des difficultés à l'avenir et n'irait pas très loin. Malgré cet esprit revêche qui la caractérise, elle pris sur elle et décrocha son bac. Sans mention, mais elle obtint tout de même ce précieux diplôme.

Une rencontre marqua cependant sa vie. Une marque indélébile, apposée au fer rouge sur son âme : Wolfgang. Premier – et surtout unique - amour de lycée. Inoubliable malgré tous ses efforts. Deux années. Deux années où elle a vécu l'enfer sans pouvoir s'en défaire. Elle pensait avoir trouvé son chevalier, mais c'est sur son bourreau qu'elle est tombée. Et pourtant, elle l'a aimé.  Elle l'a aimé à en crever. Elle aurait tout fait pour lui. Elle aurait même pu tuer pour lui. Pour elle, ce mec c'était tout son univers et elle gravitait autour. Icare trop près du soleil. Elle s'en est brûlé les ailes. Wolfgang l'a détruite. Un poison qui se répandait doucement dans ses veines. Jusqu'à ce qu'il disparaisse subitement de sa vie. La laissant seule et sans personne vers qui se tourner.

Brisée de l'intérieur, Calypso n'a jamais pu l'oublier.  Âme meurtrie, cœur brisé, elle coucha ses sentiments sur papier avant d'aller les chanter dans les bars du coin. Et c'est comme ça qu'elle se fit repérer par un agent. Et si elle aurait dû se méfier, Calypso a foncé tête baissée sans se poser de questions. Peut-être la meilleure décision de sa vie. Il l'aida à se reprendre en main et monta un groupe dont elle serait la parolière et chanteuse. Et doucement, ils réussirent à se faire un nom : Claymore. Quant à Calypso, elle se fait connaître sous le nom de Rosie Monroe.

Aujourd'hui, Calypso, ou plutôt Rosie, va de l'avant. Elle ne touche plus à la drogue, mais n'arrive pas complètement sortir de l’anorexie. Ses chansons reflètent son vécu, et c'est peut-être pour ça que les gens sont touchés par sa musique.